Jean GONDRY
L’apprentissage de la pathologie cervicale précancéreuse nécessite un enseignement spécifique et rigoureux qu’il est difficile d’intégrer dans le cursus des différentes spécialités par le Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES). On rappellera que le cancer du col est le deuxième cancer en fréquence chez la femme de moins 45 ans [1]. Cette pathologie concerne des femmes jeunes en âge de procréer, il est donc indispensable d’être correctement formé à la détection de ces lésions mais aussi à leur traitement. Les traitements ne sont, en effet, pas anodin car en amputant une partie du col, ils peuvent être responsables d’une augmentation du taux de prématurité : un tiers des femmes traitées sont susceptibles de mener une grossesse ultérieurement [2]. La nécessité d’une formation de qualité à la pathologie précancéreuse cervicale est donc double :
En 2015, la colposcopie reste donc toujours l’examen clé pour le diagnostic et le traitement des lésions cervicales précancéreuses.
La colposcopie est parfois pointée du doigt pour son manque de performance notamment pour sa faible spécificité et pour sa pratique et son enseignement hétérogènes au niveau européen [3]. C’est pour répondre à ces critiques qu’a été mis en place, en 2010, un comité de pilotage regroupant plusieurs sociétés françaises de gynécologie et de gynécologie-obstétrique afin d’améliorer la pratique et la formation de la colposcopie [4]. Dans le même temps, l’enseignement de la colposcopie s’est progressivement uniformisé en France sous l’égide de la Société Française de Colposcopie et Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) pour aboutir à l’homogénéité des thèmes abordés dans les différentes facultés sous forme d’un Diplôme Inter Universitaire (DIU) ou d’un Diplôme Universitaire (DU).
La formation en colposcopie est aujourd’hui ouverte aux gynécologues obstétriciens, gynécologues médicaux et internes de ces deux spécialités mais aussi plus récemment aux médecins généralistes ayant notamment validé le DIU de Formation Complémentaire en Gynécologie Obstétrique. Elle n’est pas ouverte aux autres spécialités ou sages-femmes.
Aujourd’hui 18 facultés réparties sur le territoire (cf figure 1) offrent cette formation.
Le programme des DIU ou DU de colposcopie est divisé en deux parties : un enseignement théorique sanctionné par un examen et la réalisation de stages pratiques.
La durée d’enseignement doit être d’une semaine minimum répartie sur un an. Trois principaux sujets y sont traités :
Toutes les universités (sauf une) se sont réunies pour proposer un examen commun à la fin de l’enseignement et se déroulant sur trois heures en juin dans la faculté organisant le DU ou le DIU. Une partie des questions porte sur la théorie et une partie sur la reconnaissance colposcopique à partir d’histoires cliniques et de colpophotographies.
Parallèlement à cet enseignement théorique, il est indispensable de valider une formation pratique qui passe par la participation à des consultations de colposcopie dans un centre ayant une expérience de la pratique de la colposcopie. Le candidat au diplôme doit participer au minimum à dix consultations de colposcopie. Certaines universités demandent la rédaction d’un mémoire à partir de cas clinique de pathologie cervicovaginale.
La formation en France s’est donc progressivement uniformisée. La télémédecine permet de délocaliser l’enseignement théorique (avec l’Ile de la Réunion). En revanche, des difficultés réelles persistent à propos des stages pratiques, sans doute pas assez nombreux ou disponibles.
Ailleurs, la formation à la pratique des gestes thérapeutiques est un enjeu important pour l’avenir ; ce point est actuellement en cours de mise en place avec les centres de simulation qui se développent sur le territoire français.
En conclusion :
Comme toute acquisition, l’obtention du diplôme n’est qu’une étape indispensable pour débuter mais non suffisante. L’entrainement régulier et la présence à des formations continues sont le gage d’une bonne expertise en pathologie cervicale. Le souhait est que tout acte diagnostique et tout acte thérapeutique concernant les lésions précancéreuses du col ne soient à l’avenir réalisés à l’avenir que par des médecins formés et impliqués dans ce domaine.
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