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Jacques RIMAILHO

Quel avenir pour le DPC en colposcopie ?

 

Depuis sa création, la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) s’est investie dans la formation continue, en en faisant une de ses  priorités, que ce soit au cours de son congrès annuel à Paris, ou dans les multiples manifestations qu’elle organise ou parraine en régions.  La SFCPCV propose maintenant de nouvelles formations  DPC, en réunion ou par e-learning, intégrées au programme de l’Organisme de Développement Personnel Continu en Gynécologie-Obstétrique (ODPCGO). Favorisé par des incitations financières, inscrit dans les orientations définies par l’HAS, le DPC en colposcopie  participe à l’amélioration de la prévention du cancer du col utérin, qui est son principal objectif.

Le DPC en colposcopie, pour qui ?
En France, contrairement au Royaume-Uni, ou les infirmières et les sages-femmes sont très impliquées dans le dépistage du cancer du col utérin,  la colposcopie est exclusivement pratiquée par des  médecins. Les colposcopistes sont Gynécologues Médicaux (1356 dont 90% de libéraux), Gynécologues Médicaux et Obstétriciens (1513 dont 60% de libéraux) ou Gynécologues-Obstétriciens  (4074 dont 35% de libéraux) (1). Mais d’autres spécialistes participent également  à des degrés divers à la lutte contre le cancer du col utérin : des médecins généralistes à forte activité gynécologique, des anatomo-pathologistes spécialisés en gynéco-pathologie, des chirurgiens, et des médecins de santé publique. Le public concerné par le sujet impacte potentiellement 7000 spécialistes, chiffre qui doit  cependant être pondéré, car la démographie  médicale est déclinante, et la colposcopie  n’est pas réalisée par tous les spécialistes qui  seraient susceptibles de la pratiquer, ni exclusive lorsqu’ils l’exercent. A l’inverse,  le public annuellement concerné par nos formations peut évoluer en fonction des critères recommandés par la Charte de Qualité en Colposcopie.

Les  objectifs  du DPC  en colposcopie
Parmi, les six  orientations nationales validées par l’HAS, l’objectif n°1, intitulé : « contribuer à l'amélioration de la prise en charge des patients» est particulièrement adapté au DPC en colposcopie, que ce soit par l'optimisation des stratégies diagnostiques et thérapeutiques dans les pathologies aigues et chroniques, par la promotion des actions de prévention ou de dépistage,  ou la maîtrise des indications et contre-indications des actes diagnostiques et thérapeutiques. Le rapport de l’Inca de 2007 (2) sur l’état  des lieux du dépistage du cancer du col, les recommandations des sociétés savantes françaises et européennes, de l’HAS (3),  pour le dépistage et la prévention du cancer du col utérin constituent des bases solides pour  définir des objectifs qualitatifs et quantitatifs.

Quelles méthodes pour le DPC en colposcopie ?
La méthodologie préconisée par l’HAS autorise un vaste choix parmi les moyens utilisables pour réaliser un DPC : congrès, e-learning, staffs multidisciplinaires, DU… Ces différents outils pédagogiques peuvent être utilisés successivement au cours d’un même DPC, pour définir des pistes d’amélioration de pratique pour tous les participants, soit individuellement, ou  plus pragmatiquement, en groupe.

La construction d’un DPC repose sur une logique pédagogique réalisée  en 3 à 7 étapes : état des connaissances et des pratiques dans les  premières étapes,  puis acquisition cognitive (réunion, congrès , DIU), éventuellement complétée par une étape supplémentaire d’approfondissement des connaissances par lecture de bibliographie et de référentiels, de technique par des vidéos, ou de discussions de cas cliniques en staff multidisciplinaire, ou en groupe de pairs modérés par des experts,  et enfin  une analyse de pratique, par revue de dossiers, à partir de laquelle seront  identifiées des pistes d’amélioration après analyse des résultats par un groupe d’experts, ou un groupe de pairs.  Ces techniques peuvent être utilisées, sans ordre préétabli, à condition que leur agencement  en étapes d’un DPC, ait une cohérence pédagogique et que le DPC comporte au minimum trois étapes.

L’utilisation du e-learning, en  supprimant les contraintes  horaires et de déplacement d’une réunion physique, vient enrichir la panoplie des méthodes,  en respectant les besoins  spécifiques de l’enseignement de la pathologie cervico-vaginale et de la colposcopie. Les participants  peuvent être mis en situation chez eux, au moment choisi ou sur rendez-vous, devant des cas cliniques diagnostiques et thérapeutiques illustrés, ou participer à des groupes de pairs  en téléconférence, pour la discussion de cas difficiles en RCP. La documentation en ligne des questionnaires facilite considérablement l’analyse  des audits de pratique  ou de  revue de dossiers, ainsi que le travail des experts pour dégager des pistes d’amélioration des pratiques, qu’elles soient individuelles ou collectives.  

Quelles perspectives  pour le DPC en Colposcopie?
En France, le dépistage  du cancer du col utérin s’adresse aux femmes de 25 à 65 ans sans FCU depuis 3 ans. Cette recommandation s’applique au dépistage organisé, dont la généralisation est au programme du plan cancer 2014-2019, qui souligne la nécessité d’assurer une prise en charge adaptée aux femmes chez qui une anomalie a été détectée(4).

Le champ d’action de la colposcopie s’ouvre en aval de cette étape de dépistage : l’interprétation du frottis anormal, la stratégie diagnostique et thérapeutique, les bonnes indications des examens complémentaires, la gestion  adéquate des résultats à chaque étape, la communication avec les patientes et les acteurs de santé (médecins traitants, sages-femmes, chirurgiens). Tous ces thèmes sont autant de sujets de réflexion et de pistes d’améliorations, quand on connaît les effets indésirables du dépistage et de la prévention (4): d’un côté, trop d’examens et de traitements inutiles sont réalisés chez les femmes de moins de 25 ans, obérant parfois leur fertilité,  générant toujours du stress et  des dépenses de santé  inutiles, tandis que d’un autre côté, trop de patientes ayant un frottis anormal, ou même une lésion histologique prouvée de haut grade, sont perdues de vues, trop de traitements  sont mal indiqués ou mal conduits, par des thérapeutes peu ou pas formés à la colposcopie.

La mise en évidence de ces carences a conduit  à la rédaction de la Charte de Qualité en Colposcopie (5), à laquelle tous les gynécologues ont été invités à participer. A terme, tous les colposcopistes devraient la rejoindre, qu’ils pratiquent ou non des traitements. Aucun traitement du col utérin  ne devrait être réalisé aujourd’hui par des  praticiens non colposcopistes. Le ciel du DPC, assombri  au mois de septembre dernier par assèchement des crédits, s’est maintenant éclairci. Une nouvelle campagne pour l’année 2016 vient de  s’ouvrir, pour laquelle la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale  propose  un DPC intitulé « Améliorer la prise en charge thérapeutique des lésions cervico-vaginales précancéreuses » lors de son prochain congrès du 15 et 16 janvier  2015 à l’Institut Pasteur (inscriptions ouvertes sur le site sfcpcv.org), avant d’en proposer un autre, courant 2016 par e-learning.

1-Atlas de la démographie médicale en France. Situation au 1er janvier 2014.
Conseil National de l’Ordre des Médecins

2-Etat des lieux du dépistage du cancer du col en France
INCA- Mars 2007

3-Etat des lieux et recommandations pour le dépistage du cancer du col de l’utérus en France
HAS- 2010

4-Plan cancer 2014-2019
INCA-2014

5-Charte de Qualité en Colposcopie
Document à télécharger sur le site de la sfcpcv.org

 

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