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Christine BERGERON

Le test HPV en dépistage primaire du cancer du col : Les Recommandations Européennes

 

La Commission Européenne en association avec le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) vient de publier un supplément  concernant le dépistage primaire avec le test HPV et la vaccination anti HPV (1). Cet article résume les recommandations concernant le dépistage primaire avec le test HPV ; ces recommandations découlent de l’évaluation de la performance du test HPV en dépistage primaire dans 6 études européennes randomisées. Ces études  ont utilisé le test HPV seul ou en association à la cytologie conventionnelle ou en milieu liquide dans le bras expérimental et la cytologie conventionnelle ou en milieu liquide seule dans le bras contrôle. Les patientes avec un résultat négatif/normal dans chaque bras ont été revues 3 ans plus tard. Les patientes avec un test HPV positif ont eu dans le suivi une cytologie dans 4 études et une colposcopie dans 2 études. Dans les 4 études qui ont fait une cytologie après un test HPV positif, les patientes avec une cytologie normale ont été suivies par une cytologie et/ou le test HPV à 6 mois. Les patientes avec une cytologie anormale ont eu une colposcopie. Le  risque relatif  (RR) d’avoir un CIN 3  trois ans après un test HPV négatif par rapport à une cytologie normale est  de 0.43 (0.33-0.56) (2). Le risque relatif d’avoir un cancer invasif  entre 3 et 5 ans  après un test HPV négatif  par rapport à une cytologie normale  est de 0.30 (0.15-0.60) (3). Le test HPV permet  donc de détecter plus tôt un CIN 2+ que la cytologie et  le test HPV prévient plus de cancers que la cytologie. La diminution du risque d’avoir un CIN 2+ ou un cancer après un test négatif permet d’espacer l’intervalle entre 2 tests. Par contre, la spécificité du test HPV par rapport à celle de la cytologie est moins bonne. Les patientes avec un test HPV positif doivent donc avoir un frottis pour sélectionner celles qui nécessitent d’avoir une colposcopie.  

Le test HPV en dépistage primaire du cancer du col n’est recommandé que dans les pays avec un programme de dépistage organisé national. L’âge proposé pour le premier test est de  35 ans, et en aucun cas avant l’âge de 30 ans. L’âge du dernier test est de 65 ans si le dernier test HPV est négatif. Après un résultat négatif, l’intervalle entre 2 tests est de 5 ans au moins et pourrait être étendu à 10 ans si les tests HPV sont plusieurs fois négatifs.  Les programmes de dépistage doivent définir les algorithmes pour le suivi d’un test HPV positif, incluant le premier suivi et  l’intervalle pour le deuxième suivi si le premier est normal.  La cytologie après un test HPV positif sera faite si possible sur le matériel résiduel du  test HPV. La colposcopie  sera pratiquée après une cytologie anormale, en particulier après un diagnostic suggérant ou proposant le diagnostic d’une lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade (HSIL). Si la cytologie  propose un diagnostic d’ASC-US ou de lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade (LSIL), le suivi pourra varier entre une colposcopie d’emblée, une cytologie à 6 mois ou un  test HPV  à un an.  Si la cytologie est normale, le suivi pourra être fait par une cytologie à 6 mois ou un test HPV à 1 an.  La colposcopie ne doit pas être pratiquée  après un test HPV et une cytologie normale. Si le test HPV reste positif à un an ou le diagnostic d’ASC-US ou de LSIL persiste à 6 mois ou un an, la colposcopie est recommandée. Si le test HPV devient négatif à un an,  et/ou la cytologie de suivi est normale, la patiente peut revenir dans le dépistage de routine avec un test HPV tous les 5 ans.

Le test HPV doit être fait avec des techniques validées et dans des structures accréditées. La structure doit faire au minimum 10, 000 tests par an. Le test HPV par auto-prélèvement peut être utilisé pour les femmes qui ne répondent pas aux invitations. Le frottis reste le test de dépistage chez les femmes de 25 à 35 ans et pour les femmes qui ne veulent  pas du test HPV en dépistage primaire. L’implémentation du test HPV en dépistage primaire doit être faite après une étude économique, incluant la prévalence des infections à HPV, le coût des tests à répéter, de la colposcopie, des traitements et des structures de cytologie et d’histologie existantes. Des études pilotes sont recommandées pour évaluer le meilleur programme à mettre en œuvre.

 Bibliographie

1.Ronco G, Arbyn M, Meijer CJLM, Snijders PJF, Cuzick J. S1 Screening for cervical cancer with primary testing for human papillomavirus. In Supplements to EU guidelines for quality assurance in cervical cancer screening Eds: A.Anttila, M.Arbyn, H.De Vuyst, J.Dillner, L.Dillner, S.Franceschi, J.Patnick, G.Ronco, N.Segnan, E.Suonio, S.Tornberg, L.von Karsa 2015

2. Arbyn  M, Ronco G, Antilla A, Meijer CJLM, Poljak M,  Olgivie G , Koliopoulos G, Naucler P , Sankarayanarayanan R, Peto J. Evidence regarding HPV testing in secondary prevention of cervical cancer. Vaccine 30, suppl 5,

3. Ronco G,  Dillner J,  Elfström KM, Tunesi S,  Snijders PJP,  Arbyn M, Kitchener H,  Segnan N,  Gilham C, Giorgi-Rossi P, Berkhof J,  Peto J,  M Meijer CJL, and the International HPV screening working group*   Efficacy of HPV-based screening for prevention of invasive cervical cancer: follow-up of four European randomised controlled trials. Lancet  published Online 3 Nov 2013

 

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