Supriya Mehta (du service d’épidémiologie de l’Université de l’Illinois à Chicago) a publié en aout 2022 dans Current HIV/AIDS Reports [1] les résultats d’une revue de la littérature concernant l’évaluation des éventuels bénéfices de la circoncision volontaire médicale (CVM) sur la santé sexuelle et reproductive des partenaires féminins.

L’auteur rappelle tout d’abord qu’il est bien démontré que la CMV réduit de 60 % le risque de transmission du VIH par voie hétérosexuelle chez les hommes et offre également à ces derniers une protection contre d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) telles que les infections ulcératives génitales, ou à HPV. Les mécanismes biologiques plausibles expliquant ces données sont notamment une kératinisation accrue réduisant l'accès des pathogènes à la muqueuse, une réduction de la persistance de pathogènes au niveau local par la suppression de l'espace sous-préputial et un changement majeur dans la composition du microbiome pénien avec une diminution des bactéries anaérobies.

L’objectif de la revue est d’évaluer si les bénéfices connus de la CMV sur l’homme pourraient être transférés aux partenaires féminins.

Les auteurs rapportent que plusieurs revues systématiques de la littérature [2-5] ont mis en évidence un bénéfice de la CMV pour diminuer les risques de persistance d’HPV, de dysplasie cervicale et de cancer du col de l'utérus chez les partenaires sexuels féminins. Aussi la CVM permettrait probablement une protection contre la trichomonase et certaines infections ulcéreuses génitales.

En revanche, peu d'études ont évalué l'impact direct de la CVM sur le microbiome vaginal et aucune étude ne met en évidence d’association entre CVM et infertilité ou issues de grossesses.

L’auteur rapporte enfin qu’une revue de la littérature publiée en 2019 [7] a pu suggérer un lien entre CVM et augmentation de la satisfaction sexuelle chez les partenaires féminins, mais que les résultats étaient soumis à de nombreux biais et à de nombreuses variations selon l’origine géographique des couples.

L’auteur conclu qu’une meilleure connaissance du microbiome pénien et de son lien avec le microbiome vaginal pourrait servir de base au développement de nouvelles thérapeutiques.


[1] Mehta SD. The Effects of Medical Male Circumcision on Female Partners' Sexual and Reproductive Health. Curr HIV/AIDS Rep. 2022 Nov 11. doi: 10.1007/s11904-022-00638-6. Epub ahead of print. PMID: 36367636.
[2] Grund JM, Bryant TS, Jackson I, Curran K, Bock N, Toledo C, Taliano J, Zhou S, del Campo JM, Yang L, Kivumbi A, Li P, Pals S, Davis SM. Association between male circumcision and women’s biomedical health outcomes: a systematic review. Lancet Global Health. 2017;5:e1113–22.
[3] Morris BJ, Hankins CA, Banerjee J, Lumbers ER, Mindel A, Klausner JD, Krieger JN. Does male circumcision reduce wom- en’s risk of sexually transmitted infections, cervical cancer, and associated conditions? Front Public Health. 2019;7:4
[4] Bosch FX, Albero G, Castellsagué X. Male circumcision, human papillomavirus and cervical cancer: from evidence to interven- tion. BMJ Sexual & Reproductive Health. 2009;35:5–7.
[5] Davis SM, Habel MA, Pretorius C, Yu T, Toledo C, Farley T, Kabuye G, Samuelson J. Brief report: modeling the impact of voluntary medical male circumcision on cervical cancer in Uganda. J Acquir Immune Defic Syndr. 2021;86(3):323–8
[6] Liu CM, Prodger JL, Tobian AAR, Abraham AG, Kigozi G, Hungate BA, Aziz M, Nalugoda F, Sariya S, Serwadda D, Kaul R, Gray RH, Price LB. Penile anaerobic dysbiosis as a risk factor for HIV infection. mBio. 2017;8(4):300996–17.
[7] Grund JM, Bryant T, Toledo C, Jackson I, Curran K, Zhou S, del Camp JM, Yang L, Kivumbi A, Li P, Bock N, Taliano J, Davis SM. Association of male circumcision with women’s knowledge of its biomedical effects and with their sexual satisfaction and function: a systematic review. AIDS Behav. 2019;23(5):1104–14.