La recommandation en France concernant la prise en charge des CIN1 propose de n’envisager le traitement des CIN1 qu’après 2 ans de surveillance, mais celle-ci ne demande pas pour autant de prévoir un Traitement au-delà de ce délai et il est donc possible de prévoir une surveillance prolongée au-delà de ce délai de 2 ans… Néanmoins cette surveillance prolongée inquiète tout à la fois les cliniciens (qui ont peur de voir se développer une lésion de haut grade ou pire un cancer et laisser engager ainsi leur éventuelle responsabilité, surtout en cas de perdues de vue) et les patientes (qui craignent les mêmes choses et qui de plus se sentent contaminées par un (ou des) virus qu’elles pensent pouvoir transmettre, sans parler des contrôles itératifs (avec colposcopies et biopsies) auxquels elles se soumettent (inconstamment) et qui sont sources d’angoisses psychologiques et de gênes physiques.

Quel est donc le risque réel de cette surveillance des lésions dites de bas grade ou CIN1 ?

Les auteurs italiens de cette étude ont surveillé une population de 434 patientes présentant des lésions (uniquement cervicales) de CIN1 en excluant les récidives et les patientes présentant un quelconque trouble de l’immunité.

Les patientes ont été suivies pendant les 2 ans (habituellement requis)  puis jusqu’au terme de 5 ans.  A 5 ans seules 7.4% des patientes ont développé une CIN2+ (c’est-à-dire CIN2 ou CIN3) et 0.9% une CIN3 et aucun cas de cancer invasif, ce qui est particulièrement faible !

Qu’en est-il dans le détail ?

Au bout du délai habituel de 2 ans, parmi les 434 patientes présentant initialement une CIN1, seules 3% ont développé une CIN2+ (dont 0,4% de CIN3), 81.6% ont montré une régression et 15.4% une persistance de CIN1.

Après 5 ans ce sont 91.2% de régression, 1.4% de persistance de CIN1 et 4.4% de progression vers une CIN2+ (dont 0.5% seulement de CIN3) et bien sur aucun cancer invasif.

Néanmoins parmi les patientes qui montraient après 2 ans de surveillance, une persistance d’anomalie cytologique de type Bas grade, le risque de développer une CIN2+ était tout de même de 28,4 % à 5 ans et, le risque de développer une lésion de haut grade était 6 fois plus importante si un Test HPV hr (haut risque) persistait au contrôle des 2 ans…

Quels sont les facteurs susceptibles d’augmenter ce risque? L’âge au moment du diagnostic ne semble pas influencer l’évolution, de même que l’utilisation d’une contraception orale, en revanche le tabagisme (p=0.01), l’aspect colposcopique péjoratif (p=0.01) et surtout l’existence au départ d’une cytologie de haut grade (p=0.0001) sont associés à un risque plus élevé de développer une lésion de haut grade.

Cette étude bien que réalisée par une équipe experte en pathologie cervicale présente cependant des limites, en effet il s’agit s’une étude rétrospective qui peut présenter des biais de sélection des patientes et il aurait été aussi intéressant par ailleurs de voir si le génotypage (même partiel) ne permettait pas de connaitre le sur-risque évolutif possible en cas de persistance d’un HPV 16 ou 18 ? Néanmoins les résultats sont semblables aux autres études de même type de la littérature qui montrent toutes un risque d’environ 10% de développer une lésion de haut grade (CIN2+) à 5 ans de la surveillance d’une lésion de bas grade initiale et permet donc de ne pas proposer de traitement systématique à 2 ans de la surveillance d’une CIN1, d’autant que le traitement de celle-ci ne signifie pas pour autant la disparition du (ou des) HPV.

Long-term observational approach in women with histological diagnosis of cervical low-grade squamous intraepithelial lesion: an Italian multicentric retrospective cohort study.

Ciavattini A, Serri M, Di Giuseppe J, Liverani CA, Gardella B, Papiccio M, Delli Carpini G, Morini S, Clemente N, Sopracordevole F. BMJ Open. 2019 Jul 3;9(7):e024920. doi: 10.1136/bmjopen-2018-024920.