Contrairement au frottis et au test HPV, la colposcopie n’est pas un examen adapté au dépistage.

 

Utilisée dans cette indication, ses performances sont très limitées, avec une sensibilité pour le dépistage des lésions intraépithéliales de haut grade (LIEHG) histologiques de seulement 19 %.1 La colposcopie offre par contre de très bonnes performances diagnostiques lorsqu’elle est utilisée comme test diagnostique, après un test de dépistage positif, typiquement après un frottis de dépistage anormal. Sa sensibilité pour le diagnostic des LIEHG monte alors à 71,4 %.1 Ceci implique que les performances de la colposcopie sont liées à la sévérité des anomalies cytologiques initiales, et que le colposcopiste est guidé par le risque sous-jacent de LIEHG histologique. En pratique courante, il est donc important de disposer de ces informations pour guider la prise en charge colposcopique de façon optimale, en tenant compte en particulier du risque de méconnaitre une LIEHG.

 

En évaluant le risque de LIEHG lié aux résultats combinés du frottis de dépistage, du test HPV et de l’impression colposcopique, cette récente méta-analyse apporte des éléments importants pour la pratique colposcopique courante et permet d’identifier les situations dans lesquelles une biopsie cervicale s’impose, et celles dans lesquelles, au contraire, le risque de LIEHG est minimal. Ainsi, les résultats montrent que le risque sous-jacent de LIEHG est le même chez les patientes ayant un frottis de haut grade et chez celles ayant des anomalies majeures à la colposcopie (indépendamment du résultat du frottis et du test HPV) : risque de 75 % et 73 %, respectivement. Ce risque n’est par contre que de 43 % en cas de test HPV positif pour l’HPV16/18. Le risque est maximal pour les patientes ayant un frottis de haut grade et des anomalies majeures à la colposcopie (risque de 83 %) ; il chute par contre à 2 % pour les patientes ayant des anomalies mineures au frottis et une colposcopie normale. Concernant le risque de LIEHG en fonction des résultats du test HPV combiné à l’impression colposcopique, il est de 76 % chez les patientes HPV16/18+ ayant des anomalies majeures à la colposcopie. Ce risque chute à 4 % chez les femmes HPV16/18+ et ayant une colposcopie normale et à 1% chez les patientes HPV16/18- et ayant une colposcopie normale. Enfin, le risque de LIEHG est maximal (85 %) chez les patientes HPV16/18+ ayant un frottis de haut grade et des anomalies majeures à la colposcopie et de seulement 1,5 % pour les femmes HPV16/18- ayant des anomalies cytologiques mineures et une colposcopie normale.

 

Les résultats de cette étude indiquent clairement que le risque de LIEHG sous-jacent est maximal lorsque la patiente a un frottis de haut grade et/ou lorsqu’il existe des anomalies majeures à la colposcopie. Ils montrent également que si le résultat d’un test HPV oriente le risque de LIEHG, celui-ci reste inférieur à 50 %, y compris chez les patientes HPV16/18+. Enfin et surtout, cette étude montre que l’impression colposcopique est un élément déterminant du risque de LIEHG. En particulier, les résultats de cette méta-analyse montrent clairement que le risque de LIEHG est minimal lorsque la colposcopie est normale.  Rappelons néanmoins qu’une colposcopie n’est considérée comme normale que lorsque la jonction est entièrement visible, qu’il n’existe aucune zone acidophile et que l’examen du vagin est complet et lui aussi normal. 

 

Pour en savoir plus
1. Cantor SB, Cárdenas-Turanzas M, Cox DD, Atkinson EN, Nogueras-Gonzalez GM, Beck JR, et al. Accuracy of colposcopy in the diagnostic setting compared with the screening setting. Obstet Gynecol. 2008;111(1):7–14.
2. Silver et al. Risk of cervical intraepithelial neoplasia 2 or worse by cytology, human papillomavirus 16/18, and colposcopy impression. Obstet Gynecol 2018; 132 (3): 725-35.