Le lien de causalité établi entre l’infection par un HPV haut risque et le risque de développement d’une lésion précancéreuse ou d’un cancer du col de l’utérus a constitué un rationnel fort pour introduire un dépistage de ces lésions par un test HPV. 
Aujourd'hui en France, la recherche d’ADN d’HPV est remboursée pour le triage des ASC-US, elle est recommandée par le CNGOF pour le suivi des lésions de haut grade et elle trouvera sa place pour le dépistage primaire en population générale comme cela se fait en Hollande.

 

De très nombreux tests de détection des HPV sont commercialisés. Ils sont pour la plupart basés sur la mise en évidence de l’ADN, voire des ARN, des HPV. Certains tests permettent une détection de 12 à 14 HPV haut risque de façon simultanée et sans distinction des types présents. D’autres tests proposent une détection combinée des principaux HPV haut risque avec une détection spécifique des HPV16, 18 et parfois 45 : on parle dans ce cas de trousses de génotypage partiel. Enfin, des tests ont été développés pour identifier de façon spécifique le ou les génotype(s) d’HPV (haut risque et/ou bas risque) présents dans l’échantillon : ce sont des tests de génotypage.

 

Un test HPV pour quoi faire ?

Dans un contexte de dépistage, ce sont les performances cliniques (sensibilité et spécificité) du test HPV qui sont essentielles. Par sensibilité clinique (ou diagnostique) nous entendons la probabilité qu’un test soit positif (présence d’un HPV) en présence d’une lésion intraépithéliale de haut grade ou d’un cancer (LIEHG+). Cette sensibilité doit être maximale pour pourvoir identifier toutes les patientes présentant une lésion et éviter le risque de faux négatif. Le corollaire d’une forte sensibilité clinique est une très bonne valeur prédictive négative qui permet d’être rassurant envers les patientes présentant un test négatif. La spécificité clinique (ou diagnostique) est, quant à elle, la probabilité qu’un test soit négatif (absence d’HPV) en l’absence d’une LIEHG+. Cette spécificité doit aussi être bonne pour limiter les examens complémentaires inutiles. Ce sont les tests de détection combinée et de génotypage partiel qui présentent les meilleures performances cliniques.

Dans un contexte de diagnostic virologique, il faut plutôt s’attacher aux performances analytiques des tests. Ainsi, la sensibilité analytique correspond à la limite de détection, soit la plus petite quantité de marqueur cible (un type d’HPV) pouvant être détectée avec précision. La spécificité analytique est la capacité du test à identifier uniquement l’HPV ciblé. Ce sont les tests de génotypage qui présentent les meilleures performances analytiques. Ils sont particulièrement adaptés pour mener des études d’épidémiologie moléculaire ; Ils sont aussi utiles pour surveiller les femmes vaccinées contre les HPV.

Ainsi, il est très important que le clinicien prescrivant une recherche d’HPV définisse et formalise de façon précise ses besoins pour que le test le plus adapté soit réalisé. Par exemple, la prescription se fait-elle dans le cadre du dépistage du cancer du col de l’utérus ou pour identifier un HPV spécifique chez une jeune femme vaccinée ?

 

Test HPV validé pour le dépistage

En pratique, les tests HPV utilisables pour le dépistage doivent présenter une balance entre sensibilité et spécificité permettant d’identifier les infections à risque de lésions prévalentes ou incidentes. Un groupe d’expert a d’ailleurs publié des recommandations relatives aux performances cliniques minimales d’un test HPV de dépistage des lésions (pré-)cancéreuses du col de l’utérus. Ces performances sont les suivantes :

- une sensibilité clinique pour les LIEHG+ au minimum de 90% de celle du test Hybrid Capture 2 (hc2) qui est de l’ordre de 94,6 % à 97,7 % en fonction des études ;

- une spécificité clinique pour les LIEHG+ au minimum de 98% de celle du test hc2 qui atteint 90,7 % à 94,1 % en fonction des études et des population ;

- une reproductibilité intra- et inter-laboratoire caractérisée par un pourcentage d’agrément des résultats d’au moins 87 % avec un test validé.

 

Les milieux de recueil des cellules

La nature et la qualité du milieu de recueil des cellules sont à prendre en considération pour la réalisation d’un test HPV. Il existe en effet plusieurs milieux dont certains sont dédiés à la recherche d’HPV et d’autres qui sont prévus initialement pour la réalisation d’un étalement cellulaire pour une analyse cytologique (milieux de cytologie liquide). Ces milieux doivent avoir au préalable été validés pour être utilisés en vue d’une recherche d’HPV. Une note de cadrage de la HAS relative aux «conditions de réalisation de la détection des papillomavirus humains (HPV)»  a été publiée en 2012 suivie en 2013 d’une synthèse sur les «Conditions pré-analytiques de réalisation de la recherche du génome (ADN) des Papillomavirus Humains (HPV) oncogènes à partir de frottis cervico-utérins» afin de définir les prérequis nécessaires à la réalisation d’un test HPV. Le CNR Papillomavirus propose sur son site une liste des milieux liquides utilisables avec les trousses de détection des HPV (https://www.cnr-hpv.fr/wp-content/uploads/2018/04/Liste-des-trousses-de-d%C3%A9tection-et-de-g%C3%A9notypage-des-HPV-valid%C3%A9es-par-les-fabricants-de-milieux-v2.pdf).

 

Conditions de réalisation des tests HPV

La très grande majorité des tests de détection des HPV sont des tests de biologie moléculaire. Ils doivent à ce titre être réalisés dans des laboratoires adaptés et ceci est particulièrement vrai pour les tests basés sur une amplification de cible par PCR (réaction de polymérisation en chaîne). Au-delà de ces aspects techniques et environnementaux, les laboratoires réalisant des tests HPV doivent le faire en étant accrédités dans le cadre d’une démarche qualité (Loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires de juillet 200  et Ordonnance d'application relative à la biologie médicale de janvier 2010). C’est la norme internationale ISO 15189 qui sert de référentiel qualité ; Elle indique notamment que tout laboratoire doit apporter la preuve de la maîtrise de l’ensemble des processus mis en œuvre (du prélèvement au rendu de résultat) pour réaliser une analyse de biologie et rendre un résultat de qualité aux prescripteurs.

 

Pour aller plus loin

- Prétet JL, Guenat D, Riethmuller D, Mougin C. Critères de qualité d’un « bon » test HPV? CNGOF, Mises à jour en Gynécologie Médicale. Diffusion Vigot – Paris, 2014

- Guenat D, Riethmuller D, Ramanah R, Morel A, Aubin F, Mougin C, Prétet JL. [Molecular diagnosis of human papillomaviruses (HPV): What test(s) in clinical practice?]. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris). 2016 Nov;45(9):1009-1019.