En juillet 2017, la HAS a nommé un groupe d’experts en vue de l’inscription du dosage sérique de l’AMH à la nomenclature des actes de biologie médicale sur la base de son service rendu scientifique. Un des experts de ce groupe de travail, le docteur Arthur Clément, nous a livré ses conclusions pour Gyneco-Online.

Concernant les indications de l’AMH dans la prédiction des implantations, des grossesses ou des naissances vivantes dans le cadre de l’AMP

Les méta-analyses d’Iliodromiti (2014), Tal (2015) et Yao (2015) concluent que l’AMH n’est pas un bon marqueur prédictif de l’implantation, des grossesses ou des naissances vivantes. En revanche, les auteurs eux-mêmes signalent certaines faiblesses de leurs études : critères d’inclusion, origine ethnique, protocoles de stimulation et techniques de dosages différents.

Même si Iliodromiti et al. retrouvent une faible prédiction de l’AMH pour le taux de naissance vivante, ils précisent que la plupart des études, notamment celles avec les plus grands effectifs, montrent une corrélation positive forte entre l’AMH et le taux de naissances vivantes (Wang 2010 (n=1558)), alors que les études ne retrouvant pas cette corrélation ont des effectifs plus faibles (de 83 (Lin, 2013) à 213 (Lee, 2009) femmes) De même, Tel et al. précisent que les études avec les effectifs les plus importants retrouvent une corrélation positive entre l’AMH et le taux de grossesse (Wang 2010 (n=1558)) Iliodromiti et al. concluent qu’une telle corrélation ne pourrait être montrée que par des études prospectives

Deux études prospectives plus récentes que les méta-analyses sus-cités retrouvent des résultats discordants :

Zebitay et al ont mené en 2017 une étude prospective chez 304 femmes. L’AMH est dosé par AMH Gen II de Beckman Coulter. Ils ont défini des quartiles d’AMH chez ces femmes avec une faible réponse ovarienne afin de prédire leur taux de grossesse.

 Ashrafi et al. ont évalué en 2017 de façon prospective 550 femmes ayant une première tentative d’AMP pour infertilité inexpliquée ou d’origine masculine en excluant les couples avec oligoasthénozoospermie sévère et insuffisance ovarienne prématurée. En dosant l’AMH par la technique AMH Gen II de Beckman Coulter, ils concluent qu’elle a une faible valeur prédictive pour la détermination des grossesses cliniques ou des naissances vivantes.

Ashrafi, Mandana Hemat, Arezoo Arabipoor, Reza Salman Yazdi, Akram Bahman-Abadi & Rezvaneh Cheraghi (2017) Predictive values of anti-müllerian hormone, antral follicle count and ovarian response prediction index (ORPI) for assisted reproductive technology outcomes, Journal of Obstetrics and Gynaecology, 37:1, 82-88, DOI: 10.1080/01443615.2016.1225025

Iliodromiti S, Kelsey TW, Wu O, Anderson RA, Nelson SM. The predictive accuracy of anti-Mullerian hormone for live birth after assisted conception: a systematic review and meta-analysis of the literature. Hum Reprod Update 2014;20(4):560-70

Tal R, Tal O, Seifer BJ, Seifer DB. Antimullerian hormone as predictor of implantation and clinical pregnancy after assisted conception: a systematic review and meta-analysis. Fertil Steril 2015;103(1):119-30 e3

Yao L, Zhang W, Li H, Lin W. The role of serum AMH and FF AMH in predicting pregnancy outcome in the fresh cycle of IVF/ICSI: a meta-analysis. Int J Clin Exp Med 2015;8(2):1755-67

Zebitay, Orkun Cetin, Fatma F. Verit, Seda Keskin, M. Nafi Sakar, Sercin Karahuseyinoglu, Gulsah Ilhan & Sezai Sahmay (2017) The role of ovarian reserve markers in prediction of clinical pregnancy, Journal of Obstetrics and Gynaecology, 37:4, 492-497, DOI: 10.1080/01443615.2016.1269730

Concernant les indications de l’AMH et du CFA dans la prédiction de la réponse ovarienne faible ou excessive à la stimulation

Les deux approches (dosage de l’AMH et CFA) sont complémentaires et doivent encore être utilisées en association. En effet, devant la variabilité des dosages de l’AMH d’une part et les caractères opérateur et technologie dépendants des valeurs de CFA, l’interprétation des valeurs de l’AMH est facilitée par l’utilisation conjointe du CFA dans la détermination de la réserve ovarienne et la prédiction de la réponse ovarienne à la stimulation.

Concernant les indications de l’AMH dans la caractérisation des ovaires polykystiques morphologiques

En pratique quotidienne, le dosage de l’AMH fait partie d’un faisceau d’arguments permettant de poser le diagnostic de syndrome des ovaires polykystiques, avec le compte des follicules antraux et les autres critères de Rotterdam.

Dans une étude récente, Matzusaki et al., retrouvent des valeurs d’AMH significativement plus élevées chez les patientes SOPK (8,35, n=114) que chez les patientes normo-ovulantes (4,99, n=95). Mais l’AMH seule ne permet pas de poser le diagnostic. Lorsque sa valeur est fiable, le CFA semble avoir une plus forte valeur prédictive positive que l’AMH.


Toshiya Matsuzaki, Munkhsaikhan Munkhzaya, Takeshi Iwasa, Altankhuu Tungalagsuvd, Kiyohito Yano, Yiliyasi Mayila, Rie Yanagihara, Takako Tokui, Takeshi Kato, Akira Kuwahara, Sumika Matsui and Minoru Irahara. Relationship between serum anti-Mullerian hormone and clinical parameters in polycystic ovary syndrome. Endocr J. 2017 May 30;64(5):531-541. doi: 10.1507/endocrj.EJ16-0501. Epub 2017 Apr 1.

L’intégralité de l’argumentaire est disponible sur : https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017-07/dir152/argumentaire_t560_amh.pdf