A l’occasion du 25e Congrès sur les « controverses en obstétrique, gynécologie et infertilité » (COGI) tenu à VIENNE en décembre 2017, la communication du Docteur Sylla KRAUSZ (Université de Florence, Italie) a porté sur une approche nouvelle et originale dans la classification et la prise en charge de l’infertilité masculine, et notamment des infertilités idiopathiques.

 

H. TOURNAYE et coll. avaient préalablement présenté 4 types de troubles de la spermatogénèse :

 

1/ pré-testiculaire, dont l’origine hypothalamo-hypophysaire était liée :

  • soit à un trouble génétique (hypogonadisme hypogonadotrope congénital avec anosmie),
  • soit sans origine génétique décelée (lésion tumorale de l’hypophyse…),

2/ testiculaire avec un trouble quantitatif de la spermatogénèse :

  • soit d’origine génétique : microdélétion de la région AZF du chromosome Y, syndrome de Klinefelter, translocation chromosomique, mutation du chromosome X (TEX.11) …,
  • d’origine non génétique : varicocèle, orchite d’origine infectieuse ou virale, lésion testiculaire maligne...,

3/ testiculaire avec un trouble qualitatif de la spermatogénèse :

  • tératospermie (macrocéphalie, maladies ciliaires…, âge paternel),
  • stress oxydatif avec anomalie de la fragmentation du DNA spermatique,
  • asthénospermie ou tératospermie idiopathique (donc l’origine génétique est présumée),

4/ post-testiculaire :

  • d’origine génétique : absence congénitale des déférents,
  • d’origine non génétique : vasectomie, hernie inguinale, occlusion épididymaire d’origine infectieuse…,
  • troubles de l’éjaculation.

Il s’avère, selon le Docteur KRAUSZ, que plus de 50 % des infertilités masculines restent idiopathiques avec des examens cliniques échographiques et des bilans hormonaux normaux.

 

Son étude a porté sur l’intérêt d’un traitement par FSH recombinant dans l’amélioration des infertilités idiopathiques ou des anomalies modérées du spermogramme, soit dans l’optique d’une conception spontanée, soit dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation (AMP).

 

1/ Dans les hypogonadismes hypogonadotropes responsables d’une azoospermie, il est reconnu que le traitement par FSH associé à l’HCG :

  • restaure une spermatogénèse dans plus de 80 % des cas,
  • une grossesse (soit naturelle soit après AMP) chez 60 à 80 % des couples.

 

2/ L’étude communiquée porte sur la prise en charge des oligospermies avec asthéno-tératospermie modérée,

  • après traitement par FSH, les résultats rapportés dans la littérature sont satisfaisants : grossesses obtenues chez 50 à 60 % des couples,
  • mais l’auteur souligne : l’hétérogénéité des études, des billets de recrutement, l’absence de critères précis sur l’administration de FSH.

 

3/ Le Docteur KRAUSZ, dans sa communication, rapporte les résultats d’une étude prospective :

  • traitement par FSH recombinant à raison de 75 UI 3 fois par semaine sur une durée de 1 ou 3 mois,
  • l’inclusion comportait :
    • patients mâles : n = 40
    • infertilité idiopathique avec oligo, sthéno, tératospermie isolée ou associée,
    • valeur de FSH entre 1,5 à 8 UI/l,
    • valeur de HYALURONIC BINDING ASSAY (HBA) inférieure à 60 %.

 

Les résultats ont été analysés à 1 mois, 3 mois et 4 à 6 mois après l’arrêt de traitement (période de wash-out).

 

Résultats

  1. L’auteur note une amélioration des paramètres spermatiques et notamment de la fragmentation du DNA spermatique, en fonction du polymorphisme des récepteurs de FSH, génotypes FSH-béta et FSH-R.
  2. Au premier mois du traitement, 40 % des patients ont présenté, au niveau du sperme, une augmentation des cellules positives pour HBA. Au 3ème mois du traitement, 60 % des patients ont présenté une amélioration de la numération des spermatozoïdes et une augmentation des cellules HBA-positive.

 

Conclusion
 

- L’infertilité masculine est une pathologie multifactorielle pouvant être divisée en
4 catégories principales avec des origines génétiques, non génétiques ou présumées génétiques.

- Deux méta-analyses ont montré une augmentation des taux de grossesse après traitement masculin par 3 mois de FSH recombinant.

Le protocole court (un mois de traitement) a permis une augmentation du pourcentage de cellules fonctionnelles compétentes positives pour le HBA.

- Des études complémentaires permettront d’évaluer l’efficacité du protocole court préalable à l’assistance médicale à la procréation et de recueillir des informations complémentaires sur le polymorphisme FSH-béta et FSH-R.

 

 

Communication du Docteur KRAUSZ (COGI, 30 novembre-2 décembre 2017, VIENNE, Autriche)  - www.cogi-congress.org