Cancérologie Gynécologique : 4 sujets d’importance
Jean-Luc MERGUI
Catherine UZAN
Comme chaque année désormais Gynéco-online vous propose un numéro spécial en mai consacré aux progrès ou innovations en cancérologie gynécologique, sans être bien évidemment exhaustifs, nous vous proposons cette année de faire un point sur 4 sujets d’importance :
-Pour la sénologie :
* Les nouvelles techniques d’identification des lésions infracliniques du sein et des ganglions sentinelles grâce à l’utilisation de nouveaux marqueurs notamment ferromagnétiques,
* Vers un Dépistage personnalisé et prédictif du cancer du sein : L’évaluation du risque génétique de développer un cancer du sein ne s’adresse pas seulement aux familles avec des cas multiples et précoces de cancer du sein. En effet même en l’absence d’antécédents familiaux très évocateurs, le risque d’origine génétique peut être plus complexe et reposer sur des variations de structure de nombreux gènes et, le résultat de l’étude de toutes ces variations peut aboutir à un risque plus élevé ou au contraire plus faible. Ce risque est appelé « risque polygénique » et son évaluation est aujourd’hui possible pour le cancer du sein, associé à d’autres facteurs de risque comme la densité mammaire.
-Pour les cancers de l’endomètre : Fin 2020 ont été publiées les nouvelles recommandations européennes pour la prise en charge des cancers de l’endomètre. Ce texte met en avant :
* l’importance des marqueurs moléculaires pour préciser le risque de récidive des patientes et définir des modalités de traitement et de surveillance, en complément des informations d’histologie conventionnelle
* ces recommandations, par rapport à celles de 2016 (2), ont considérablement élargi le champ des indications du ganglion sentinelle par rapport aux curages complets
* il sera également fait le point sur les indications potentielles d’un traitement conservateur quand un cancer de l’endomètre touche dans 5% des cas une femme en âge de procréer.
- Pour les cancers de l’ovaire, souvent diagnostiqués à un stade avancé :
Les mutations constitutionnelles des gènes BRCA 1 ou BRCA 2 sont les principales causes de prédisposition au cancer de l’ovaire. Mais Il peut s’agir parfois de mutations uniquement somatiques de BRCA 1 ou BRCA 2 ou d’autres anomalies au-delà de BRCA (uniquement retrouvées dans la tumeur) En pratique, il existe des signatures moléculaires permettant d’identifier les tumeurs déficientes et en cas de déficit, la survie cellulaire repose sur d’autres voies de réparation comme celle impliquant PARP. L’inhibition de PARP entraine donc la mort des cellules porteuses d’un déficit de recombinaison homologue, c’est le principe de la léthalité synthétique dont l’efficacité est ici présentée.
-Pour les cancers liés aux HPV dont le poids global semble augmenter dans le monde, en raison de leur implication dans :
* les cancers des voies aérodigestives supérieures (dits ORL) dont le dépistage et la prévention reste uniquement centrée aujourd’hui sur la vaccination prophylactique des garçons et des filles qui fait tant défaut encore de nos jours en France.
* les cancers de l’anus, dont on peut envisager le dépistage voire la prévention chez les patientes immunodéprimées, multi récidivantes et ou multifocales par la pratique de la cytologie ou d’un test HPV anal dont la positivité pourrait conduire à la réalisation d’une anuscopie dite de haute résolution.
Et pour toutes ces prises en charge et annonces souvent difficiles, il est important d’envisager le vécu psychologique de nos patientes qu’il convient de considérer dans leur unicité et leur contexte familial.
Enfin nous vous proposons également de voir (ou revoir) l’intégralité d’un webinaire présenté le 11 Mai 2021 consacré aux nouveautés sur les cancers de l’endomètre : Comment envisager ce diagnostic par l’imagerie et l’hystéroscopie, le bilan préopératoire de son extension, comment préciser son grade histologique et la place des nouveaux marqueurs, la réalisation du traitement chirurgical avec la place du ganglion sentinelle et l’utilisation des manipulateurs utérins, enfin la place des traitements complémentaires illustrés par des cas cliniques.