Carine PESSAH
Introduction
Le système Eeva est un nouveau test commercialisé par Merck Serono, équipé d’un logiciel d’expertise avec un algorithme basé sur la cinétique de divisions cellulaires.
Deux études (1) (2) publiées récemment tentent de démontrer son intérêt comme outil de prédiction du potentiel embryonnaire à atteindre le stade de blastocyste. Les temps de passage de 2 à 3 cellules « P2 »et de 3 à 4 cellules « P3 » semblent être des étapes clés influençant le développement embryonnaire et sont prises en compte dans l’établissement d’un score. Le système classe les embryons à J3 en 3 catégories : « haut », « moyen » et « bas »suivant leur potentiel d’obtention d’un blastocyste.
1ère étude (1)
Étude rétrospective menée sur 432 patients et 2198 embryons évalués entre février et novembre 2014. Au final sur les 2 198 embryons, 1307 atteignent le stade blastocyste soit 59.5 %. Suivant le classement de Eeva, ces embryons à J3 ont été classés en 3 catégories prédictives : 250 embryons ont été classés en potentiel « haut » ,529 en potentiel « moyen » et 961 en potentiel « bas ». Le taux de blastulation observé pour ces 3 catégories était respectivement pour les catégories hautes, moyennes et basses de :80,4 %, 61,1 %, 52 %avec p <0.0001. En outre la qualité du blastocyste (défini par sa masse cellulaire interne et son trophectoderme) a également été prédite en 3 catégories hautes moyennes et basses respectivement pour 90, 121, et 166 blastocystes et le taux de blastocyste de bonne qualité pour ces 3 catégories était respectivement de : 44,7 %, 37,4 %, 32,6 % avec p=0.014.
Cette première étude montre qu’il existe une corrélation entre les 3 catégories « prédictives » (hautes, moyennes, basses) du système Eeva et le taux de blastulation réellement observée.
2e étude (2)
Une étude prospective longitudinale a été réalisée de septembre 2012 à décembre 2013 sur 2 cohortes de femmes : une de moins de 37 ans (N=320) et d’autres âgées de 37 à 42 ans (N=224). L’étude a comparé les données cliniques des femmes qui ont bénéficié d’un transfert d’embryon sélectionné par le système Eeva à J3 (groupe Eeva) et celles qui ont eu un transfert à J5 au stade blastocyste.
Chez les femmes de moins de 37 ans, dans les 2 groupes (groupe Eeva [176] et groupe blastocyste [144 93]) il n’y avait pas de différence significative ni sur le taux de grossesse clinique (46%vs48% p=0.74) ni sur le taux d’implantation 35%vs 41% (p=0.17). Et ce d’autant que le groupe Eeva avait moins d’ovocytes (9.8 vs 11.9) (p<0.001) et moins d’embryons (6.2 vs 7.8) (p<0.001) que le groupe blastocyste.
Des résultats similaires ont été retrouvés chez les 37-42 ans : ni les taux de grossesses cliniques 44% vs 27% (NS) ni les taux d’implantation 18% vs 20%(NS) ne différent significativement dans 2 groupes (groupe Eeva : N=165, groupe blastocyste N=59).
Cette deuxième étude montre que les taux de grossesses des patientes qui ont bénéficié d’un transfert d’embryon sélectionné par le système Eeva à J3 (groupe Eeva) et celles qui ont eu un transfert à J5 au stade blastocyste ne sont pas significativement différents.
Conclusion
Le système Eeva semble être une aide pour la sélection d’embryon à J3, permettant d’éviter ainsi la culture prolongée dont les interrogations persistent sur le risque potentiel de maladies épigénétiques.
Ces études valident partiellement la capacité du système Eeva à prédire tant la qualité que le taux de blastulation. Il serait nécessaire de confirmer ces données sur des études à plus grande échelle. De plus, la première étude a été menée de façon rétrospective donc est à interpréter avec prudence.
(1) Meseguer et coll, Retrospective Validation of EEVA (Early Embryo Viability Assessment) at large scale. Correlation between EEVA categories and blastocyst formation rate.Poster équipe IVI .ESHRE 2015.
(2) Gaudoin et coll, Day 3 transfer using the automated time-lapse enabled EevaTM Test results in similar clinical pregnancy and implantation rates to blastocyst transfer: a longitudinal cohort study.Poster 233.ESHRE 2015.
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