Pourquoi choisir le référentiel OMS en anténatal pour les courbes de croissance en France ?

Marie-Victoire Senat, Christophe Vayssière, Damien Subtil, Eric Verspyck

Le RCIU est aujourd’hui encore sous dépisté en France (proche de 20% en France dans nos dernières recommandations) nous obligeant à nous interroger sur nos référentiels de courbes.

La courbe n’est cependant qu’un outil du dépistage et afin d’éviter une morbi-mortalité neonatale dans le cadre d’un Petit pour l’Âge Gestationnel (PAG), les doppler et le RCF sont nécessaires pour le choix du meilleur moment d’extraction. Avant de choisir un référentiel de courbe, il existe un consensus international qui notifie que soit vérifié que le taux dépisté de PAG < 10eme percentile avec la courbe ciblée soit proche de 10% avec un taux maximal dépisté de PAG avec mauvaise issue néonatale. On appelle cela tester la validité externe d’une courbe qui doit être, sur notre population française, le meilleur possible. Nous avons maintenant à notre disposition plusieurs études françaises récentes sur 2 cohortes différentes (ENP et ELPHE) qui comparent les performances attendues des courbes de croissance anténatales et qui rapportent des résultats concordants pour le dépistage des PAG et des Gros pour l’Âge gestationnel (GAG).

Le référentiel prescriptif OMS montre de bonnes performances pour le dépistage des PAG et GAG à mauvaises issues néonatales avec des proportions adaptées de fœtus dépistés aux percentiles extrêmes par rapport à la population française. L’étude menée à partir des données de l’ENP de 2016 montre qu’au troisième trimestre de la grossesse, les courbe d’EPF du CFEF et de l’OMS présentent les meilleurs compromis pour le dépistage des PAG (sensibilité de 47,6%, spécificité de 92,7% et sensibilité de 49,5%, spécificité de 91,7% respectivement) et des GAG (sensibilité de 52,2%, spécificité de 87,9% et sensibilité de 42,5%, spécificité de 92,4% respectivement) à mauvaise issue néonatale.

L’étude sur la cohorte ELFE montre que la courbe d’EPF de l’OMS rapporte la meilleure adéquation au troisième trimestre de la grossesse, pour les taux observés aux percentiles extrêmes, des fœtus PAG [2,1% (<3ème) et 9,4% (<10ème)] et les fœtus GAG [11,1% (>90ème) et 3,8% (>97ème)]
Les courbes OMS présentent également comme avantages de disposer de courbes d’EPF sexées et de biométries obtenues à partir d’une même cohorte prospective de femmes dépistées par des échographistes qualifiés qui ont mesuré les paramètres biométriques suivant les standards internationaux.

Nous publierons les recommandations détaillées du CNGOF sur « quelles courbes de croissance choisir en ante et en postnatal en France ? » en avril 2022.