Auteurs : Dr Muriel FENDER, Pr JJ. BALDAUF

Les auteurs ont analysé  les données de l’essai randomisé hollandais POBASCAM destiné à évaluer l’intérêt du dépistage primaire par HPV. Leur but était ici de connaître la sécurité d’un test HPV à un an chez les femmes HPV positives et cytologie négatives.

Deux analyses ont été effectuées. La première (aL) évaluait le risque à 5 ans de lésions CIN3+, la deuxième  (aV) visait  à étudier l’infection HPV.

 Pour aL, les femmes  cytologie négatives, HPV positives puis négative au 1er contrôle (en rouge dans le diagramme ci-dessous) ont été comparées aux femmes doublement négatives (en bleu).
Les femmes en rose ont été confrontées aux femmes en vert pour l’étude virologique. 

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RÉSULTATS

Le risque  cumulé à 9 ans de lésions CIN3+, chez les femmes cytologie négatives , HPV positives  et contrôle HPV négatif (N=199) était de 2 %, significativement plus élevé que celui observé chez les femmes doublement négatives (N= 18562) de 0, 2 % (RR 9,1 ; p<0,001).

Étude virologique

Les femmes cytologie négatives HPV positives recontrôlées HPV négatives (N=93) avaient un risque d’infection HPV  à 5 ans (2ème vague) de 20,2 % contre 3,2 % pour les doubles négatives( N= 9186). La différence est significative (RR 6,4 ; p<0,001). Cette différence reste significative même en ajustant sur l’âge.

DISCUSSION

Les auteurs notent que les femmes qui sont HPV positives/cytologies négatives restent à plus fort risque d’infection virale et de lésion CIN3+ même si au contrôle l’HPV était négatif. Lorsqu’on retrouve au 3ème test, les mêmes génotypes, il peut s’agir d’une réinfection ou d’une diminution transitoire de la charge virale lors du 2ème test rendant l’ADN indétectable. POLMAN et al se demandent si l’intervalle de 5 ans n’est pas trop long pour ces femmes positives/cytologies négatives puis  HPV négatives. Notons cependant que dans ce groupe il n’y avait aucun cancer infiltrant ce qui est plutôt rassurant même si la faiblesse de l’effectif et la brièveté du suivi doivent à ce stade nous inciter à la prudence.

Ce travail permet aussi de noter la fréquence élevée des perdues de vue. En effet dans cette étude qui constitue une situation pourtant favorable d’essai clinque on constate que parmi les 724 femmes dont le test HPV était positif, un tiers n’a pas eu de test de contrôle. De même 9367 femmes négatives en première vague n’ont pas eu le test HPV en deuxième vague (50 %). 

Le passage au dépistage primaire par HPV nécessitera une bonne organisation pour minimaliser au maximum les perdues de vue et devra s’appuyer sur  les données récentes et pertinentes pour définir les algorithmes de suvi.