Auteurs : Yolaine JOUEIDI, Krystel NYANGOH-TIMOH, Vincent LAVOUE, Jean LEVÊQUE

Cette étude rétrospective a analysé le devenir de 3709 femmes présentant un frottis Atypical Glandular Cells (AGC) (sur 589,830 frottis soit 0,6%) dont 2287 avaient concomitamment été associés à un test virologique (HC2) [1] avec une histologie a été obtenue sur les biopsies - curetages – conisations – hystérectomies effectués dans l'année suivant le frottis. Parmi les 2287 cas de FCV AGC avec test HPV concomitant, 1857 (81,2%) ont eu des biopsies dans l'année et 529 (28,5%) avaient un test HC2 positif. Ont été mises en évidence chez ces 2287 patientes, 516 lésions (27,8%) : 310 cas de CIN1 (16,7%), 97 CIN2/3 (5,2%), 32 cas de lésions glandulaires (1,7%) (8 adénocarcinomes endocervicaux invasifs (ADC), 6 CIN 2/3 et AIS, et 18 AIS purs), 22 lésions endométriales atypiques (1,2%) et 56 cas d'adénocarcinomes endométriaux (3,0%), et 5 carcinomes métastatiques (0,3%).

La répartition des lésions histologiques observées dans le suivi varie selon le statut HPV initial :

  • 22,9% des patientes HPV positif ont présenté des lésions histologiques (16,8% : CIN 2/3, 30 AIS et ADC, 1 hyperplasie endométriale et 7 cancers endométriaux (1,3%) et 0,2% de lésions métastatiques),
  • contre seulement 6,4% chez les HPV négatif (CIN2+ : 0,6%, AIS ou ADC (0,2%), hyperplasie endométriale (1,6%), cancers endométriaux (3,8%) et métastase (0,3%).

Chez les 123 Femmes ayant des lésions de haut grade (CIN, AIS et ADC), le taux de positivité HPV était de 93,5% et la valeur prédictive négative du test HPV de 99,2%.

Les taux de lésions de haut grade étaient de 16,8% (CIN haut grade) et 5,7% (AIS et ADC) chez les HPV positifs versus 0,6% et 0,2% respectivement chez les HPV négatifs.

En considérant les 69 patientes ayant un cancer invasif après un frottis AGC et ayant eu un test HC2 :

  • 56 cancers endométriaux : 10,7% avaient un test HPV positif (comme attendu dans cette tranche d'âge)
  • 5 cancers métastatiques : 20% étaient HPV positif,
  • 8 ADC toujours HPV positifs.


Commentaires

Il s'agit de la grande plus série mondiale publiée en sachant la rareté de ce type de frottis (0,18 à 0,74% des frottis [2]). Elle valide a posteriori les recommandations INCa 2017 [3] sur la gestion des frottis pathologiques AGC : si l'on considère le nombre de patientes ayant présenté des lésions alors qu'elles avaient un test HC2 négatif après un frottis AGC et en excluant les cas de lésions endométriales malignes ou prémalignes qui auraient pu être diagnostiquées par une exploration endo-utérine chez les plus de 50 ans (en France la recommandation est d'explorer les frottis AGC chez les plus de 45 ans par un test HPV et une exploration endo-utérine), 27 patientes sur 1270 (2,13%) n'auraient pas eu de diagnostic posé en raison d'un test HPV négatif (en rappelant la rareté des frottis AGC) : 8 cas de CIN2/3, 2 cas d'AIS et ADC (en se rappelant que 15% en moyenne des ADC sont des formes histologiques rares non HPV induites [4]), 4 cas de métastases cervicales, et 13 cas d'adénocarcinome endométrial ou lésion prémaligne endométriale. Beaucoup de ces cas auraient sans doute été diagnostiqués cliniquement (en particuliers les métastases, et les cancers invasifs de l'endocol ou de l'endomètre) ou "rattrapés" par le frottis de contrôle à 3 ans après test HPV négatif suite à un FCV AGC (les CIN 2/3).

Figure 1. CAT devant un frottis AGC [3].

Figure 1