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Patrice CLÉMENT

Réceptivité endométriale : apport des techniques « OMICS »

 

Au cours d’une tentative d’Assistance Médicale à la Procréation, le transfert des embryons "cultivés" in vitro, nécessite une appréciation de la qualité de l’endomètre afin d’évaluer la meilleure période pour le transfert (« fenêtre implantatoire »), en théorie située entre J21 et J24 du cycle. Cette évaluation peut se faire par des approches conventionnelles comme une datation histologique ou par une évaluation morphologique de l’endomètre par écho-doppler. Ces techniques, si elles peuvent évaluer un endomètre avec un très mauvais pronostic implantatoire, sont assez peu efficaces pour apprécier, de façon pertinente, la réceptivité endométriale.

Depuis quelques années, les nouvelles techniques ("OMICS") d’exploration comme la génomique, la transcriptomique, ou la protéomique permettent d’avoir une approche beaucoup plus sensible et spécifique de la réceptivité endométriale. Ces approches ont été présentées au cours de cette journée par une communication du Pr Carlos SIMON et une communication du Pr Samir HAMAMAH.


Résumés de la communication du Pr Carlos SIMON.

De nombreux gènes intervenant au niveau de la réceptivité endométriale ont été mis en évidence par cette équipe et peuvent être consultés sur le site www.endometrialdatabase.com

L’équipe du Pr SIMON a ainsi mis en place une puce génomique (ERA : pour Endometrial Receptivity Array) listant 238 gènes, correspondant à une signature transcriptomique de 134 gènes, permettant d’obtenir des biomarqueurs spécifiques et sensibles de la réceptivité endométriale. Cette analyse nécessite une biopsie endométriale qui doit être réalisée à LH+7 en cas de cycle naturel, ou à Pg+5 en cas de cycle avec traitement hormonal. L’analyse moléculaire montre des profils endométriaux pré-réceptif, réceptif et post-réceptifs ; évaluation plus précise et moins subjective que ce qui peut être fait par une analyse histologique selon les critères de Noyes.

Dans une étude de cette équipe (Ruiz-Alonso et col, 2013), sur une série de 25 patientes avec échecs d’implantation, 21 patientes avaient un profil « pré-réceptif » et 4 patientes un profil « post-réceptif » avec le test ERA, démontrant que la fenêtre d’implantation théorique ne peut pas être utilisée chez ces patientes qui nécessitent un transfert personnalisé de leurs embryons.

Dans une autre étude, la même équipe (Ruiz-Alonso et col, 2014) montre l’intérêt d’un transfert personnalisé en fonction du profil transcriptomique d’une population de 17 patientes ayant bénéficiées d’un don d’ovocytes. Dans cette étude, par rapport à la fenêtre théorique d’implantation, 16 patientes avaient un profil transcriptomique « pré-réceptif » nécessitant un décalage de plus 1 ou 2 jours du transfert embryonnaire, et 1 patiente avait un profil transcriptomique « post-réceptif » nécessitant une avance d’un jour pour le transfert.

À partir de leurs différentes données, l’équipe du Pr SIMON montre que la biopsie endométriale donne un profil transcriptomique de non réceptivité dans 20 % des cas de patientes ; post-réceptifs dans 12 % de ces cas, et pré-réceptifs dans 88 %. Ces résultats démontrent que le décalage de la fenêtre implantatoire est responsable d’un pourcentage élevé d’échecs d’Assistance Médicale à la Procréation et que devant des patientes avec échecs répétées d’implantation, il est bénéfique d’avoir une approche moléculaire afin de réaliser le transfert embryonnaire personnalisé au meilleur moment en fonction de la patiente.


Résumé de la communication du Pr Samir HAMAMAH.

L’équipe du Pr HAMAMAH s’intéresse également depuis plusieurs années à une approche transcriptomique de l’évaluation endométriale (Haouzi et col, 2009), d’abord en cycle naturel dans les phases sécrétoires pré-réceptive et réceptive. L’équipe montre qu’il existe une signature moléculaire de réceptivité endométriale commune à la majorité des patientes et qu’une patiente sur cinq en cycle naturel a un profil non réceptif au moment de la fenêtre théorique d’implantation (J21 – J24 du cycle).

Dans d’autres études (Haouzi et col, 2010, 2011, 2012), l’équipe du Pr HAMAMAH montre que la stimulation ovarienne entraine une modification du profil transcriptomique chez les patientes traitées et  que certaines patientes ont un profil très altéré après traitement. Ces études montrent également des différences de profils de réceptivité endométriale entre traitement par agoniste vs antagoniste. Dans les situations de patientes avec un profil fortement perturbé, il est préférable de ne pas réaliser le transfert embryonnaire pendant le cycle de la fécondation in vitro, de congeler les embryons et de réaliser un transfert d’embryons congelés à distance de la stimulation.

L’équipe a choisi 13 biomarqueurs considérés comme important dans l’évaluation de la réceptivité endométrial, permettant de différencier un endomètre non réceptif d’un endomètre réceptif ; la situation d’un endomètre non réceptif au moment de la fenêtre théorique d’implantation étant trois fois plus fréquente dans une population de femme avec échecs répétés d’implantation. Ceci démontre que le transfert embryonnaire systématique sans évaluer le profil de réceptivité endométrial n’est pas souhaitable, notamment dans une population de femme avec des échecs répétés d’implantation. L’équipe du Pr HAMAMAH propose une prise en charge personnalisée du transfert embryonnaire en cycle naturel et en cycle stimulé, afin de choisir avec pertinence le moment de la fenêtre d’implantation ; respectant ainsi mieux la synchronisation du dialogue fœto-maternel (embryon – endomètre).

La technologie utilisée permet de réaliser la biopsie endométriale le jour de la ponction ovocytaire (J0) et d’obtenir le résultat du profil transcriptomique à J1 ; ce délai étant compatible avec la décision de réaliser le transfert au cours du même cycle ou de congeler les embryons et de les transférer au cours d’un cycle suivant, à distance de la stimulation ovarienne.

Références :

The endometrial receptivity array for diagnosis and personalized embryo transfer as a treatment for patients with repeated implantation failure.
Ruiz-Alonso M, Blesa D, Díaz-Gimeno P, Gómez E, Fernández-Sánchez M, Carranza F, Carrera J, Vilella F, Pellicer A, Simón C.
Fertil Steril. 2013 Sep;100(3):818-24

What a difference two days make: "personalized" embryo transfer (pET) paradigm: a case report and pilot study.
Ruiz-Alonso M, Galindo N, Pellicer A, Simón C.
Hum Reprod. 2014 Jun;29(6):1244-7

Gene expression profile of human endometrial receptivity: comparison between natural and stimulated cycles for the same patients.
Haouzi D, Assou S, Mahmoud K, Tondeur S, Rème T, Hedon B, De Vos J, Hamamah S.
Hum Reprod. 2009 Jun;24(6):1436-45

Controlled ovarian hyperstimulation for in vitro fertilization alters endometrial receptivity in humans: protocol effects.
Haouzi D, Assou S, Dechanet C, Anahory T, Dechaud H, De Vos J, Hamamah S.
Biol Reprod. 2010 Apr;82(4):679-86

Transcriptome analysis reveals dialogues between human trophectoderm and endometrial cells during the implantation period.
Haouzi D, Dechaud H, Assou S, Monzo C, de Vos J, Hamamah S.
Hum Reprod. 2011 Jun;26(6):1440-9

Insights into human endometrial receptivity from transcriptomic and proteomic data.
Haouzi D, Dechaud H, Assou S, De Vos J, Hamamah S.
Reprod Biomed Online. 2012 Jan;24(1):23-34

 

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