Les Systèmes d’intelligence Artificielle utilisés pour le diagnostic médical (SIADM) sont utilisés en amont de la consultation médicale (à l’image d’expériences menées dans les services d’urgence afin d’orienter la prise en charge), en tant qu’étapes d’élaboration de diagnostic (en imagerie par exemple) ou lors du suivi médical à domicile. Leur utilisation actuelle et leur possible élargissement à un plus grand nombre de disciplines médicales soulèvent des questions éthiques que le CCNE et le CNPEN abordent dans leur Avis 141 du CCNE / Avis 4 du CNPEN « Diagnostic médical et intelligence artificielle : Enjeux éthiques ». Ils précisent qu’il ne serait pas éthique que les équipes soignantes et les patients se privent des avantages apportés par l’IA mais doivent être utilisés en priorité dans une optique d’amélioration démontrée du soin, avant leurs autres intérêts organisationnels, économiques et managériaux.

Concernant l’IA en mammographie, les solutions d’IA commercialisées ne sont pas encore suffisamment performantes mais progressent et s’améliorent à grands pas. Ainsi de plus en plus de radiologues s’interrogent non plus sur l’intérêt de l’IA pour l’aide au diagnostic mais sur l’achat de ces logiciels. Les radiologues doivent évaluer par eux-mêmes les solutions disponibles sur le marché en fonction de leur expérience au quotidien. En effet les solutions d’IA en mammographie ont des performances variées et parfois non reproductibles en fonction de la version du logiciel utilisée qui doit donc être mis à jour régulièrement. Aujourd’hui la performance de l’IA en mammographie est entachée de faux positifs encore trop nombreux, principalement dans l’analyse des microcalcifications, des aspects post-thérapeutiques et des asymétries glandulaires. Ceci résulte de l’absence d’interprétation des documents antérieurs  à l’analyse en cours. Enfin ce que l’œil humain ne voit pas l’IA ne le voit pas non plus, en particulier dans les seins de densité C et D qui nécessitent la réalisation d’une échographie mammaire complémentaire. Comme la tomosynthèse mammaire, l’IA ne remplace donc pas l’échographie mammaire et n’est pas près de remplacer l’oeil expert du radiologue.

Référence : Avis 141 du CCNE / Avis 4 du CNPEN « Diagnostic médical et intelligence artificielle : Enjeux éthiques ».